L'assemblée générale du PAS réunie le 13
janvier 2004 a débattu de la proposition formulée par la
FSU et le SNUipp de mettre en place une caisse de solidarité suite
aux mouvements du printemps 2003.
Nous n'avons pas pu assister à la réunion intersyndicale
proposée le mercredi 7 janvier pour la constitution de cette caisse.
Rappel du Texte
proposé par la FSU
Les prélèvements pour fait de grève ne sont pas encore
effectués dans leur totalité pour tous les personnels.
Pour la première fois, un gouvernement a refusé de négocier
et a mis en application dans l'Éducation nationale l'inique arrêt
Omont qui consiste à retirer des journées de salaire sur
des journées de grève qui n'ont pas été effectuées.
Pour couronner le tout, cette répression s'est opérée
dans la plus profonde injustice. Dans le premier degré, l'Inspecteur
d'Académie de l'Isère est le seul de l'Académie et
un des seuls de France à avoir appliqué l'arrêt Omont.
Ce sont jusqu'à 33 jours de retraits qui sont effectués.
Dans les établissements du second degré, l'engagement des
chefs d'établissement a été déterminant dans
la communication des états des jours grève. On va ainsi
du tout ou rien. Cependant, on a assisté au sein de mêmes
établissements à des disparités de traitement totalement
inadmissibles. De plus les modalités de retraits ont été
particulièrement brutales : aucun étalement n'a été
accepté.
Il va bientôt être possible pour l'ensemble des grévistes
de faire un réel état des prélèvements effectués.
Nous allons donc pouvoir organiser la solidarité. Cela va se
faire conjointement avec les organisations syndicales qui étaient
dans la grève et qui souhaitent participer à cette solidarité.
Nous proposons donc à tous les grévistes qui ont
eu plus de dix (chiffre à déterminer) jours de retrait de
nous faire parvenir un état du nombre de jours et une copie des
bulletins de salaires. Pour certains d'entre nous, cela peut prendre encore
quelques mois. Nous attendrons que les retraits soient terminés
pour tout le monde, pour faire les répartitions.
Que tous ceux qui souhaitent soutenir les plus sanctionnés d'entre
nous fassent parvenir leur contribution.
Nous avons choisi d'organiser cette caisse de grève collectivement
: FSU, Solidaires ?, FO ?, FERC-CGT, PAS ? avec la participation de la
caisse de grève des universités. Les critères de
redistribution retenus seront clairement communiqués. D'ores et
déjà nous envisageons une redistribution en fonction du
nombre de jours de retraits, cela en fonction des sommes réunies.
Tant la collecte que les reversements seront examinés en commun.
Vous pouvez verser votre contribution sur le compte de solidarité
de votre choix. (chacun pourra donner l'info sur son compte de solidarité).
Nous nous engageons en inter syndicale à publier un bilan financier.
Eléments
de notre débat le 13/01/2004 : tous les points listés ci-dessous
sont des interventions des présents, souvent partagées.
Pas de divergences sur le fond des interventions.
- Nous " payons
" la grève beaucoup plus cher dans notre département
que dans d'autres.
- On peut aussi noter un manque de clarté évident de la
façon dont les calculs ont été faits, y compris
pour des collègues ayant fait les mêmes déclarations
dans la même école : leurs retenues ne sont pas toujours
identiques.
- La demande de constitution d'une caisse vient trop tard ; il aurait
fallu le faire dans l'action ; prenons acte de nos erreurs, y compris
au PAS, et anticipons pour un prochain mouvement.
- Une caisse intersyndicale doit se constituer pendant les AG intersyndicales
dès le départ du mouvement. Nous avons du mal à
le faire car les revendications sont toujours d'une autre nature
et il y a comme un tabou à envisager cet aspect, assimilable
à une démobilisation de fin de grève.
- On ne parle aujourd'hui que du paiement des jours de grève
Plus des problèmes de fond et de l'objet même du mouvement.
- Quand on s'est lancé dans la grève, on en connaissait
les conséquences
ce serait des retraits de salaires. Mais
sans mesurer la façon dont ce gouvernement appliquerait les mesures
: en 95, la facture a été moins lourde
et peut-être
chacun a-t-il espéré que ce serait de même
- Il y a aussi ambiguïté autour de ce sujet, entretenue
tout au long du mouvement par le pouvoir et les médias ; l'opinion
publique a été trompée sur le fait que nous soyons
payés ou non quand nous sommes en grève, et cela contribue
à discréditer notre mouvement. Un peu comme une grève
de la faim où on prend 2 casse-croûtes par jour, dit Christophe.
- Il est sans doute utile pour que cette image des fonctionnaires payés
à ne rien faire (et la formule "paiement des jours de grève"
utilisée à profusion par la presse ne fait qu'entretenir
la confusion) que nous revendiquions que les jours de grève soient
déduits de nos salaires, mais seulement les jours de grève.
- C'est aussi ce procédé de retrait (arrêt Omont)
qu'il faudrait combattre sans attendre.
- La fin de grève a été mal digérée,
quels qu'en soient les raisons ou les responsables : on fait la grève
individuellement, mais en général dans un groupe, dans
une mouvance
sur des idées exprimées par plusieurs
syndicats dans lesquels chacun se retrouve plus ou moins.
- La fin de grève a manqué sa fin : une des actions de
cette grève aurait dû aussi porter sur le mode de déclaration
des jours non travaillés. Des "conseils" divergents
ont été donnés sur la façon de déclarer
les jours. Ce point noir ne sert pas notre combat : il y a perte de
crédibilité et de force face à une administration
qui a pu constater qu'il y avait sans doute des "déclarations
mal formulées" [c'est moi qui utilise cet euphémisme
: à la CAPD du 20 novembre, l'IA adjoint a clairement évoqué
de fausses déclarations, les services étant bien placés
pour le savoir]. On n'en serait pas là aujourd'hui si on était
convenu à l'avance du type de déclaration finale. On le
saura pour une autre fois.
- Dans ce domaine, la solidarité a fait défaut et il est
difficile de savoir qui en a le plus pâtit.
- Préférence
pour que l'entraide de proximité reste dans un cadre restreint
: doutes sérieux quant à l'organisation proposée.
On n'a pas envie de reproduire un système administratif lourd
et technocratique. La solidarité financière a besoin de
proximité, sinon d'intimité. Sans parler de pudeur, on
peut imaginer qu'il est plus facile pour certains nécessiteux
de le faire savoir dans leur cercle plutôt que sur la place publique,
même si on dit que toutes les précautions de confidentialité
seront respectées.
- Un rappel : le PAS a une ligne " solidarité " depuis
plusieurs années dans sa comptabilité, utilisée
en 95 pour venir en aide à deux collègues, mais qui a
permis a plusieurs reprises de participer à des actions en direction
de différents mouvements, souvent hors de notre cadre professionnel.
Lors du mouvement de mai-juin 2004, des enseignants retraités
ont fait des dons de solidarité pour le PAS ou des collègues
(qui n'ont pas fait grève ou qui ont fait quelques journées)
ont versé une contribution financière de solidarité.
C'est cette somme qui sera utilisée pour tous les individus,
les actions ou mouvements, syndicaux ou non, considérés
comme nécessiteux par les adhérents du PAS.
La solidarité syndicale mérite aussi de dépasser
le cadre strict de ce domaine pécuniaire
Rappel des questions de solidarité intersyndicale aussi dans d'autres
domaines : relativement aux locaux syndicaux
par exemple, faire
une petite place aux petits syndicats atypiques à la Bourse du
Travail, relativement aux temps de décharge syndicale (durement
acquise pour certains, héritée de leurs aînés
pour d'autres) et pourquoi pas engager ensemble la lutte contre l'amendement
Perben qui devrait mobiliser tous les syndicats, même les plus gros
qui ne risquent rien, jusqu'au jour où
Suites à
donner:
- une lettre à
l'IA : à partir du projet de lettre proposé par Alexandre
Do relative à une demande de précisions sur les jours
correspondant (ou non) aux retenues de salaires.
- une lettre au recteur et à son Ministre : comment se fait-il
que la grève ne se paye pas le même prix dans tous les
départements ? Nous nous sommes battu contre la décentralisation,
ne pouvons-nous pas encore nous battre contre la décentralisation
des retenues de salaires
- une réponse à donner à la FSU sur la proposition
de caisse de solidarité commune : c'est non au vu de la teneur
de nos débats, mais ce sera à rediscuter au sein même
du PAS dès la prochaine grande grève interprofessionnelle
et pourquoi pas générale. Les replis de l'Histoire nous
montrent bien que les caisses de grève étaient avant les
grèves des caisses de solidarité dans le meilleur esprit
mutualiste et l'émergence d'une conscience politique qui risque
de faire défaut dans les décennies à venir.
16 janvier, Marcel
Ce texte a été
rédigé à partir des notes de Soizig, de celles de
Marcel bien aidé par sa mémoire d'éléphant.
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