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Mouvements Sociaux...
 
Lundi 19 janvier 2004
 

Le texte ci-dessous résulte du débat qui a eu lieu lors de l'AG PAS38 du 13 janvier 2004. Nous l'avons aussi envoyé à nos camarades du SNUipp-FSU.

 

Caisse de solidarité


L'assemblée générale du PAS réunie le 13 janvier 2004 a débattu de la proposition formulée par la FSU et le SNUipp de mettre en place une caisse de solidarité suite aux mouvements du printemps 2003.
Nous n'avons pas pu assister à la réunion intersyndicale proposée le mercredi 7 janvier pour la constitution de cette caisse.


Rappel du Texte proposé par la FSU
Les prélèvements pour fait de grève ne sont pas encore effectués dans leur totalité pour tous les personnels.
Pour la première fois, un gouvernement a refusé de négocier et a mis en application dans l'Éducation nationale l'inique arrêt Omont qui consiste à retirer des journées de salaire sur des journées de grève qui n'ont pas été effectuées.
Pour couronner le tout, cette répression s'est opérée dans la plus profonde injustice. Dans le premier degré, l'Inspecteur d'Académie de l'Isère est le seul de l'Académie et un des seuls de France à avoir appliqué l'arrêt Omont. Ce sont jusqu'à 33 jours de retraits qui sont effectués. Dans les établissements du second degré, l'engagement des chefs d'établissement a été déterminant dans la communication des états des jours grève. On va ainsi du tout ou rien. Cependant, on a assisté au sein de mêmes établissements à des disparités de traitement totalement inadmissibles. De plus les modalités de retraits ont été particulièrement brutales : aucun étalement n'a été accepté.
Il va bientôt être possible pour l'ensemble des grévistes de faire un réel état des prélèvements effectués.
Nous allons donc pouvoir organiser la solidarité. Cela va se faire conjointement avec les organisations syndicales qui étaient dans la grève et qui souhaitent participer à cette solidarité.
Nous proposons donc à tous les grévist
es qui ont eu plus de dix (chiffre à déterminer) jours de retrait de nous faire parvenir un état du nombre de jours et une copie des bulletins de salaires. Pour certains d'entre nous, cela peut prendre encore quelques mois. Nous attendrons que les retraits soient terminés pour tout le monde, pour faire les répartitions.
Que tous ceux qui souhaitent soutenir les plus sanctionnés d'entre nous fassent parvenir leur contribution.
Nous avons choisi d'organiser cette caisse de grève collectivement : FSU, Solidaires ?, FO ?, FERC-CGT, PAS ? avec la participation de la caisse de grève des universités. Les critères de redistribution retenus seront clairement communiqués. D'ores et déjà nous envisageons une redistribution en fonction du nombre de jours de retraits, cela en fonction des sommes réunies. Tant la collecte que les reversements seront examinés en commun. Vous pouvez verser votre contribution sur le compte de solidarité de votre choix. (chacun pourra donner l'info sur son compte de solidarité).
Nous nous engageons en inter syndicale à publier un bilan financier.


Eléments de notre débat le 13/01/2004 : tous les points listés ci-dessous sont des interventions des présents, souvent partagées. Pas de divergences sur le fond des interventions.

- Nous " payons " la grève beaucoup plus cher dans notre département que dans d'autres.
- On peut aussi noter un manque de clarté évident de la façon dont les calculs ont été faits, y compris pour des collègues ayant fait les mêmes déclarations dans la même école : leurs retenues ne sont pas toujours identiques.
- La demande de constitution d'une caisse vient trop tard ; il aurait fallu le faire dans l'action ; prenons acte de nos erreurs, y compris au PAS, et anticipons pour un prochain mouvement.
- Une caisse intersyndicale doit se constituer pendant les AG intersyndicales dès le départ du mouvement. Nous avons du mal à le faire car les revendications sont toujours d'une autre nature… et il y a comme un tabou à envisager cet aspect, assimilable à une démobilisation de fin de grève.
- On ne parle aujourd'hui que du paiement des jours de grève… Plus des problèmes de fond et de l'objet même du mouvement.
- Quand on s'est lancé dans la grève, on en connaissait les conséquences… ce serait des retraits de salaires. Mais sans mesurer la façon dont ce gouvernement appliquerait les mesures : en 95, la facture a été moins lourde… et peut-être chacun a-t-il espéré que ce serait de même…
- Il y a aussi ambiguïté autour de ce sujet, entretenue tout au long du mouvement par le pouvoir et les médias ; l'opinion publique a été trompée sur le fait que nous soyons payés ou non quand nous sommes en grève, et cela contribue à discréditer notre mouvement. Un peu comme une grève de la faim où on prend 2 casse-croûtes par jour, dit Christophe.
- Il est sans doute utile pour que cette image des fonctionnaires payés à ne rien faire (et la formule "paiement des jours de grève" utilisée à profusion par la presse ne fait qu'entretenir la confusion) que nous revendiquions que les jours de grève soient déduits de nos salaires, mais seulement les jours de grève.
- C'est aussi ce procédé de retrait (arrêt Omont) qu'il faudrait combattre sans attendre.
- La fin de grève a été mal digérée, quels qu'en soient les raisons ou les responsables : on fait la grève individuellement, mais en général dans un groupe, dans une mouvance… sur des idées exprimées par plusieurs syndicats dans lesquels chacun se retrouve plus ou moins.
- La fin de grève a manqué sa fin : une des actions de cette grève aurait dû aussi porter sur le mode de déclaration des jours non travaillés. Des "conseils" divergents ont été donnés sur la façon de déclarer les jours. Ce point noir ne sert pas notre combat : il y a perte de crédibilité et de force face à une administration qui a pu constater qu'il y avait sans doute des "déclarations mal formulées" [c'est moi qui utilise cet euphémisme : à la CAPD du 20 novembre, l'IA adjoint a clairement évoqué de fausses déclarations, les services étant bien placés pour le savoir]. On n'en serait pas là aujourd'hui si on était convenu à l'avance du type de déclaration finale. On le saura pour une autre fois.
- Dans ce domaine, la solidarité a fait défaut et il est difficile de savoir qui en a le plus pâtit.

- Préférence pour que l'entraide de proximité reste dans un cadre restreint : doutes sérieux quant à l'organisation proposée. On n'a pas envie de reproduire un système administratif lourd et technocratique. La solidarité financière a besoin de proximité, sinon d'intimité. Sans parler de pudeur, on peut imaginer qu'il est plus facile pour certains nécessiteux de le faire savoir dans leur cercle plutôt que sur la place publique, même si on dit que toutes les précautions de confidentialité seront respectées.
- Un rappel : le PAS a une ligne " solidarité " depuis plusieurs années dans sa comptabilité, utilisée en 95 pour venir en aide à deux collègues, mais qui a permis a plusieurs reprises de participer à des actions en direction de différents mouvements, souvent hors de notre cadre professionnel. Lors du mouvement de mai-juin 2004, des enseignants retraités ont fait des dons de solidarité pour le PAS ou des collègues (qui n'ont pas fait grève ou qui ont fait quelques journées) ont versé une contribution financière de solidarité. C'est cette somme qui sera utilisée pour tous les individus, les actions ou mouvements, syndicaux ou non, considérés comme nécessiteux par les adhérents du PAS.

 


La solidarité syndicale mérite aussi de dépasser le cadre strict de ce domaine pécuniaire…
Rappel des questions de solidarité intersyndicale aussi dans d'autres domaines : relativement aux locaux syndicaux… par exemple, faire une petite place aux petits syndicats atypiques à la Bourse du Travail, relativement aux temps de décharge syndicale (durement acquise pour certains, héritée de leurs aînés pour d'autres) et pourquoi pas engager ensemble la lutte contre l'amendement Perben qui devrait mobiliser tous les syndicats, même les plus gros qui ne risquent rien, jusqu'au jour où…

Suites à donner:

- une lettre à l'IA : à partir du projet de lettre proposé par Alexandre Do relative à une demande de précisions sur les jours correspondant (ou non) aux retenues de salaires.
- une lettre au recteur et à son Ministre : comment se fait-il que la grève ne se paye pas le même prix dans tous les départements ? Nous nous sommes battu contre la décentralisation, ne pouvons-nous pas encore nous battre contre la décentralisation des retenues de salaires…
- une réponse à donner à la FSU sur la proposition de caisse de solidarité commune : c'est non au vu de la teneur de nos débats, mais ce sera à rediscuter au sein même du PAS dès la prochaine grande grève interprofessionnelle et pourquoi pas générale. Les replis de l'Histoire nous montrent bien que les caisses de grève étaient avant les grèves des caisses de solidarité dans le meilleur esprit mutualiste et l'émergence d'une conscience politique qui risque de faire défaut dans les décennies à venir.

16 janvier, Marcel

Ce texte a été rédigé à partir des notes de Soizig, de celles de Marcel bien aidé par sa mémoire d'éléphant.


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