Grenoble, le 19 mai 2003
Monsieur l'Inspecteur d'Académie
Le Conseil de Formation continue du 14 avril 2003 a été
marqué par le gros impact des régressions budgétaires
sur la quantité de stages pour 2003, sans aucune certitude
d'amélioration pour les années suivantes.
Passée l'émotion du séisme, nous nous permettons
de vous soumettre quelques réflexions qui peuvent s'inscrire
dans la préparation des plans de formation à venir,
tant dans l'esprit que dans les modalités, et dans la mise
en pratique du dispositif "PE2 sur le terrain".
Le PAS a toujours milité et militera encore pour que le
budget de l'Education Nationale permette à cette dernière
d'assurer ses missions de service public.
La formation des enseignants est indispensable, et l'on constate
qu'elle est en danger, comme d'autres secteurs le sont : projets
culturels, AIS, etc. Sans une autre politique budgétaire
de l'Etat, les objectifs de l'école, souvent généreux,
ne pourront pas être atteints.
Mais si un budget suffisant est nécessaire, il n'est pas
seul garant de l'évolution du système éducatif.
Nous croyons aux vertus de l'innovation pédagogique et
du travail en équipe. Pour nous, les stages de formation
disciplinaire ne se suffisent pas à eux-mêmes : les
compétences didactiques des enseignants ne permettent pas
à elles seules d'améliorer les pratiques pédagogiques.
Les stages transversaux, les stages d'ouverture, les échanges
pédagogiques et les micros projets autogérés
méritent d'être développés.
Avec l'impossibilité, que nous espérons provisoire,
de proposer des stages de ce type, avec formateurs rémunérés
et indemnités de stage, à tous les enseignants libérant
leurs classes pour accueillir des PE2, l'occasion est bonne de permettre
aux enseignants qui le souhaitent d'accéder à des
modules de formation à leur initiative :
- Développer le travail en équipe, local ou thématique
: favoriser les équipes de cycle, d'école, ou les
groupes de travail disciplinaire ou transversal en participant
à des Conseils de maîtres, groupes de travail, etc.
- Découvrir des classes ordinaires ou spécialisées
: analyse de pratique, échanges pédagogiques, confrontation
d'outils, d'expériences. Cette logique d'échanges
est toujours fructueuse et ouvre la porte à des situations
de recherche, de lectures, d'approfondissement avec des personnes
ressource.
- Participer à des modules d'analyse de pratique, pour
la découverte des pratiques conduisant à la connaissance
de soi, le dialogue avec les élèves, avec les parents
d'élèves.
- Rencontrer des mouvements pédagogiques.
- Participer à des réseaux d'échanges pédagogiques.
Le PAS a l'expérience d'une aide logistique à des
rencontres réelles bourses d'échanges, marchés
de connaissances pédagogiques - ou à des échanges
par écrit ou par internet.
- Découvrir d'autres établissements scolaires :
secondaires, AIS, dans un but de formation et d'échanges.
- Découvrir d'autres établissements publics et des
entreprises privées pour une meilleure connaissance de
la société sans lier cette démarche à
l'idée de contrats de formation liés aux entreprises
- Rencontrer les travailleurs sociaux pour favoriser un partenariat
local.
- Participer à des colloques, les préparer et les
exploiter collectivement en veillant à lier théorie
et pratique.
- Participer à des modules de formation ou de recherche
universitaire, avec la MAFPEN, avec l'IUFM, etc.
- Travailler à des micros projets autogérés
: réalisation d'outils, mise en ouvre de projets innovants,
recherche documentaire approfondie, rencontre avec des équipes
expérimentées dans des projets équivalents.
Cette liste n'est pas close et d'autres partenaires auront aussi
sans doute des propositions intéressantes.
Ces modules de formation développent surtout un esprit de
réseau d'échange de savoirs et font appel à
une volonté de recherche complémentaire en équipe,
répondant à des besoins concrets.
Ils sont simples à organiser, souples, n'exigent pas de gros
moyens.
Il ne s'agit pas de rendre ces pratiques obligatoires, ce qui n'aurait
aucun sens, mais de permettre à des enseignants libérés
de leurs classes de s'inscrire à de tels modules de formation,
à leur initiative.
L'administration pourrait diffuser des listes non-exhaustives de
possibilités de formation :
- dates et thèmes des colloques (ces derniers n'ayant pas
forcément lieu pendant la période de formation),
- listes de mouvements pédagogiques disponibles,
- d'équipes prêtes à recevoir des professeurs
stagiaires pour des conseils de maîtres,
- de modules de recherche universitaire en cours,
- d'exemples de micros projets,
- de partenariats envisageables, d'échanges pédagogiques
possibles ...
Certains I.E.N. du département ont eu des initiatives de
cet ordre dans le cadre des animations pédagogiques de circonscription.
Nous avons déploré à cette époque
la grande disparité des offres de formation de ce type
aux enseignants d'un secteur à l'autre de notre département.
Ces initiatives trop locales pourraient être étendues
aux autres circonscriptions et l'administration pourrait faciliter
en souplesse l'accès à cette diversité.
Cette démarche de formation, encore une fois, ne prétend
pas se substituer aux stages de formation continue classiques, qui
demeurent nécessaires.
Tout en vous soumettant ces propositions, nous continuerons à
revendiquer des moyens budgétaires adaptés à
une politique éducative ambitieuse.
Nous espérons que nos propositions trouveront un écho
favorable au sein de vos services, et que vous donnerez un accord
de principe pour les rendre possibles.
Nous vous prions d'agréer nos meilleurs sentiments syndicalistes
et coopératifs toujours au service de notre service (encore)
public d'éducation.
Pour le groupe de travail "formation" du PAS, Marcel
Perrichon.
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